Agathe et Arlette  sont joyeuses, acidulées. Elles me font penser à des bonbons. Elles se préparent lentement, très lentement et l’attente dure. Enfin prêtes , tout sourire, elles se mettent en chemin pour rencontrer de très grandes fragilités. Chacun désormais a l’habitude du tourbillon de vie qu’elles apportent, semant un beau désordre de chiffons et de chansons. Chaque rencontre est personnelle et discrète. Mais ce que je veux vous révéler, c’est que leurs adorables tenues de clowns, leurs gestes attentionnées patiemment répétées, et bien sur leurs nez rouges, font fondre bien des cœurs.

(…)L’approche de la compagnie du bout du nez s’inscrit dans la complémentarité de la philosophie du prendre soin holistique Humanitude déployée dans l’établissement depuis des années….

L’expérience hospitalière des clowns leur permet d’accompagner le patient en interaction avec les autres professionnels de santé pour améliorer le vécu du patient.

Mr Georges (Directeur EHPAD Valence d’Agen)

…Quand ils arrivent, c’est surtout la joie et le soleil qui entre dans l’établissement et ce, jusque dans les chambres ! Des sourires s’illuminent et même certains résidents qui dormaient se réveillent tout heureux d’avoir avec eux ces clowns qui viennent à leur rencontre.
Quand les clowns repartent cela permet à l’équipe de faire dans la continuité : on prend ce flambeau qu’ils laissent derrière eux et l’on s’en sert pour dynamiser les personnes, on met en valeur cet événement qui a apporté à tous de la joie de vivre de la bonne humeur et de la lumière !

En rencontrant les Clowns d’accompagnement à l’EHPAD de Graulhet, j’ai été surprise et séduite de leur grand professionnalisme.
En l’espace d’un instant, de civils, ils devenaient clowns et emportaient chacun dans leur tourbillon de vie. Un tourbillon léger, tendre, respectueux du rythme de leurs interlocuteurs. Ils ne s’attachaient pas seulement à rencontrer les résidents de cet EHPAD, amis aussi les soignants, les parents, les visiteurs. En réalité, quiconque croisait leur chemin se trouvait transporté dans un autre espace.
Un espace de liberté, de jeu dans lequel le « je » se révèle au-delà de la fonction. Il n’y avait plus, le temps d’un instant, ni résidents ni soignants, ni parents ni visiteurs, ni clowns d’ailleurs. Mais des personnes embarquées dans une rencontre et une relation volontaire, qu’elle exprime par l’acceptation ou le refus.

Ça donne une image positive du service en montrant aux familles que ce n’est pas un mouroir ici.

Ce sont des échanges que nous, soignants, nous ne pouvons pas avoir avec eux et c’est bénéfique, ça réveille des souvenirs, des émotions par exemple. M. X adorait jouer de l’harmonica et un des clowns lui a donné le sien, c’était magnifique de voir son regard d’enfant, et les jours suivant de l’entendre jouer quelque chose s’est transformé pour lui. Un autre patient qui était mutique ne parlait pas à l’équipe, et après la visite des clowns le patient s‘est mis à parler ?! C’était magique.

La présence des clowns, c’est forcément être vivant, apporter de la couleur, de la vie, du rire, ça permet aux familles de verbaliser et de s’exprimer.